Ce document, imprimé le 12-10-2024, provient du site de l'Union des Villes et Communes de Wallonie (www.uvcw.be).
Les textes, illustrations, données, bases de données, logiciels, noms, appellations commerciales et noms de domaines, marques et logos sont protégés par des droits de propriété intellectuelles.
Plus d'informations à l'adresse www.uvcw.be/info/politique-confidentialite
Mis en ligne le 24 Juin 2024

En février 2024, l’Institut wallon de l’Evaluation, de la Prospective et de la Statistique (IWEPS)[1] sortait son « Baromètre social de la Wallonie », exercice réitéré à intervalle régulier depuis une vingtaine d’années.

Nous souhaitions le partager avec nos lecteurs, car les résultats de l’autorité de proximité qu’est la commune sont encourageants, malgré la sinistrose ambiante quant aux autres niveaux de pouvoir et la politique en général.

LE CONTEXTE ET LES ENSEIGNEMENTS DU BAROMETRE : VUE GLOBALE

Qu’est-ce que le « Baromètre social de la Wallonie » réalisé par l’IWEPS ?

« Le Baromètre social de la Wallonie est une enquête réalisée par l’IWEPS auprès d’un échantillon de 1867 personnes vivant en Wallonie et représentatif de la population de 18 ans et plus. Cette enquête est réalisée depuis 2003 à intervalle régulier sur des questions comme le sentiment d’appartenance, la confiance dans les institutions, le fonctionnement de la démocratie ou encore les relations sociales… En plus d’établir le constat pour l’année 2023, le rapport met en lumière l’évolution des attitudes depuis 2003 ».

Quels sont les enseignements du Baromètre 2023 ?

« Les constats principaux sont les suivants :

  • au niveau du sentiment d’appartenance, on observe que les personnes interrogées se sentent d’abord belges pour 88,7 % d’entre elles, ensuite wallonnes (73,7 %), locales (47,9 %) et, enfin, européennes (39,4 %). Il est à noter que ces sentiments d’appartenance ne s’excluent pas mais se complètent. Ainsi, le sentiment wallon n’est pas exclusif d’autres niveaux d’appartenance ;
  • en ce qui concerne la confiance dans les institutions, son évolution temporelle montre un véritable contraste selon le type d’institutions auxquelles on s’intéresse. On observe une confiance stable et élevée concernant l’État social et les fonctions régaliennes (police, justice), de l’ordre de 65 à 80 % de la population qui se dit confiante. Par contre, on observe une chute de la confiance dans les institutions politiques (baisse de 30 points de pourcentage par rapport à 2018 et confiance de l’ordre de 30 à 40 % de la population, en 2023, selon les institutions politiques) [sauf pour les communes et leur bourgmestre, nous y reviendrons bien entendu plus loin] ;
  • s’agissant des attitudes par rapport au système politique, on observe une baisse de satisfaction envers le fonctionnement de la démocratie belge ou wallonne de 2018 à 2023 (de 49,6 % à 25,6 % de personnes satisfaites), sans remise en question toutefois de la démocratie comme système politique (pour neuf personnes sur dix) ;
  • concernant la transition écologique, on note une préoccupation importante de la population à propos de ces questions (74,5 % à 89,2 % de la population considèrent la transition écologique comme importante selon les différents aspects). Si la transition écologique est perçue comme facteur d’amélioration pour la qualité de vie (48,1 %) ou la création de nouveaux emplois (46,2 %), elle est aussi perçue comme un facteur de détérioration pour l’économie wallonne (57,7 %) et pour le pouvoir d’achat (67 %) ;
  • pour ce qui est de la perception du contexte socio-économique, une grande majorité de la population se dit insatisfaite de l’état de l’économie en Belgique (66,8 %) ou en Wallonie (81,5 %), avec une perception des inégalités sociales élevée (92,1 %) ou en augmentation (88,8 %) au cours des dix dernières années. En revanche, paradoxalement, les participants et participantes ont plutôt tendance à se percevoir comme avantagés (41,7 %) par rapport aux autres, quant à leur situation économique personnelle ;
  • au niveau des relations sociales, peu de changements significatifs sont observés sur les quinze dernières années. Les relations amicales et familiales montrent un dynamisme important, sauf pour moins d’une personne sur dix qui déclare ne pas avoir d’amis et amies. Les facteurs réduisant cet isolement sont principalement liés au niveau socio-économique des individus ».

Outre ce résumé synthétique réalisé par l’IWEPS en tête du rapport, nous invitons nos lecteurs à prendre connaissance de l’ensemble des résultats forts intéressants.

Toutefois, pour notre part, nous nous concentrerons sur la confiance institutionnelle et les résultats des communes.

LA CONFIANCE INSTITUTIONNELLE ET LES RELATIONS SOCIALES EN 2023[2]

DES RESULTATS DIFFICILES POUR LE MONDE POLITIQUE

Le tableau ci-dessus appelle les commentaires suivants de la part de l’IWEPS :

« Pour les institutions de l’État social (sécurité sociale, système de santé et éducation) ou les institutions régaliennes (justice, police), on observe une confiance relativement élevée : 65 % à 80 % de la population se dit confiante dans ces institutions.

Au cours des vingt dernières années, la confiance est restée élevée et relativement stable pour l’État social alors qu’elle a augmenté pour les institutions régaliennes.

Cette confiance montre l’attachement des citoyens et citoyennes aux institutions d’État ayant une fonction redistributive (État social) et protectrice (institutions régaliennes).

En revanche, concernant les institutions politiques (État belge, Parlement fédéral, Gouvernement wallon, Parlement de Wallonie, Commission européenne, …), on observe une confiance qui est historiquement faible en 2023. Selon les institutions, seuls 30 à 40 % de la population se dit confiante. Sur les cinq dernières années, on observe une baisse de l’ordre de 30 points de pourcentage entre 2018 et 2023.

A titre illustratif, pour l’État belge, on passe de 71 % en 2018 à 39 % en 2023, pour la Région wallonne, on passe de 69 % en 2018 à 35 % en 2023 et pour la Commission européenne, de 57 % en 2018 à 37 % en 2023. Enfin, en queue de peloton, on trouve « les hommes et les femmes politiques » où l’on passe de 36,6 % de confiance en 2018 à 19 % en 2023 ou encore les partis politiques (32 % en 2018 à 22 % en 2023). C’est une baisse et des niveaux de confiance qui n’avaient encore jamais été observés au cours des vingt dernières années »[3].

LA COMMUNE FAIT (BONNE) FIGURE D’EXCEPTION AVEC UN POURCENTAGE MOYEN DE CONFIANCE DE 62 %

Dans ce contexte pour le moins difficile, émergent les résultats du pouvoir de proximité qu’est la commune : en moyenne, 62 % des citoyens font encore confiance à l’institution communale[4] :

-          69 % à l’administration communale,
-          59 % au conseil communal,
-          et 58 % au bourgmestre.

On se souviendra qu’en 2017, l’Union des Villes et Communes de Wallonie avait sorti une enquête sur la satisfaction du citoyen par rapport à l’institution communale, et que le bourgmestre était plébiscité avec une cotation de 6 sur 10 et les services communaux avec un 7 sur 10. Notre enquête concluait à l’époque que la proximité effective, interpersonnelle, favorise une perception positive des élus locaux[5].

Le baromètre de l’IWEPS confirme donc que la commune et son bourgmestre conservent leur positionnement dans un paysage politique morose et ce, après les graves crises que nous venons de traverser et traversons toujours (COVID-19, inondations, accueil des réfugiés ukrainiens suite à la guerre, …).

Lors de son enquête 2023 sur le « Blues des élus », l’Union relevait également que 92 % des élus interrogés (bourgmestres, échevins et présidents de CPAS) estimaient que les citoyens et citoyennes avaient davantage confiance dans la politique de proximité.

87 % de nos répondants précisaient avoir une bonne relation avec la population de leur commune. Néanmoins, certains pointaient une dégradation de la relation et 21 % déploraient un éloignement.

LE SENTIMENT DEMOCRATIQUE : DES CITOYENS QUI VEULENT S’IMPLIQUER

Sévères avec les politiques, les sondés font toujours preuve d’un grand sentiment démocratique : 92 % d’entre eux considèrent que la démocratie est le meilleur système, mais seuls 25 % estiment que la démocratie belge fonctionne correctement.

Et l’IWEPS de conclure qu’au niveau wallon, il y a une « situation de forte critique, mais sans désengagement, bien au contraire »[6].

On sait que l’engagement politique et la vie politique jouent un rôle essentiel pour le développement d’une Région. Le rapport de l’IWEPS souligne bien que la participation active des citoyens à la vie politique constitue un « pilier essentiel de l’évolution et de la prospérité d’une région ». 

Mais sur quoi repose cet engagement ? La réponse nous semble évidente : sur la perception que les citoyens ont du fonctionnement des institutions politiques.

« Pour cette raison », précise l’IWEPS, « il est crucial de comprendre leur perception de la politique, que ce soit en ce qui concerne ses fondements et ses principes, dans son mode de fonctionnement, ou dans leur perception des individus qui la mettent en pratique au quotidien ».

Et d’ajouter : « La perception du fonctionnement démocratique est marquée par son caractère opaque et sa lenteur, avec des décisions perçues comme ne servant pas le bien-être général et une critique selon laquelle les hommes et les femmes politiques parlent trop et agissent trop peu »[7].

Et de souligner : « Cette méfiance vis-à-vis des institutions politiques s’exprime d’ailleurs au niveau européen, belge ou wallon, peu importe le niveau de pouvoir.

Seule exception, le niveau local (bourgmestre, administration communale, conseil communal) se montre encore digne d’une relative confiance auprès des citoyens et citoyennes avec environ deux personnes sur trois qui expriment un niveau de confiance « moyen ».

Le niveau local, doté de compétences proches des citoyens et citoyennes, semble être le seul à pouvoir encore bénéficier d’une certaine confiance. Les autres niveaux de pouvoir semblent avoir perdu cette confiance. La raison de cette situation réside probablement dans la succession de crises telles que la COVID-19, la guerre en Ukraine, les coûts de l’énergie, l’inflation, auxquelles ces institutions ont dû faire face. Or, malgré les décisions politiques et quelques fois à cause de celles-ci, ces crises ont eu un impact important sur la vie quotidienne des citoyens et citoyennes. De plus, la complexité des institutions européennes ou belges rend les décisions politiques plus difficiles à prendre, ce qui, en période de crise, peut réduire d’autant le niveau de confiance politique »[8].

D’une manière générale, l’IWEPS estime que « dans tous les cas, il est évident que les citoyens et citoyennes expriment le besoin de réformes visant à renforcer le contrôle et la transparence du système politique et, dans une certaine mesure, à accroître l’intervention d’experts, quitte à réduire le nombre d’élus et élues. L’adhésion significative à ces changements semble refléter un mécontentement ressenti par une partie de la population à l’égard du système politique et des hommes et femmes politiques »[9].

LES DEMANDES ENVERS LES COMMUNES

Le plébiscite envers la commune n’est pas un blanc-seing : les citoyens et citoyennes sollicitent d’être davantage intégrés dans le processus délibératif d’élaboration des politiques (et le rapport cite les assemblées citoyennes, le budget participatif, les initiatives citoyennes, …).

Davantage de parité hommes-femmes dans les organes de décisions politiques est également souhaité[10].

On ajoutera à ces éléments une demande significative de transparence et de gestion des conflits d’intérêts parmi les élus et élues et mandataires politiques.

EN GUISE DE CONCLUSION

L’institution communale est terreau de démocratie.

Voilà pourquoi l’UVCW rappelle sans cesse aux autorités supérieures la nécessité de soutenir les villes et communes et leurs paralocaux, de ne pas les laisser ployer sous les charges qui, trop souvent, leur sont indûment transférées, si l’on veut qu’elles puissent se déployer sur le terrain de la cohésion sociétale.

Nous rappellerons donc ici les conclusions de notre enquête sur le « Blues des élus », à l’attention des partis politiques : « chérissez vos élu.e.s locaux, ce sont eux, ce sont elles qui sauront réconcilier le citoyen et la politique » et aux élus eux-mêmes : « soyez irréprochables et transparents … ravivez la démocratie participative … » car c’est ce qui redonnera confiance en la démocratie locale, la démocratie tout court.

Les chiffres implacables de l’IWEPS viennent de le rappeler, à une encablure des élections multiniveaux qui nous attendent.


[1] V. leur site Internet : https://www.iweps.be

[2] Voir le communiqué de presse de l’IWEPS : https://www.iweps.be/communique-le-barometre-social-de-la-wallonie-une-chute-de-confiance-politique-inedite/

[3] https://www.iweps.be/communique-le-barometre-social-de-la-wallonie-une-chute-de-confiance-politique-inedite/

[4] Rapport de l’IWEPS, p. 25.

[5] V. www.uvcw.be/no_index/articles-pdf/download/1424.pdf

[6] Etude p. 92.

[7] Idem.

[8] Idem p. 91.

[9] Rapport, p. 40.

[10] Rapport, p. 40.

Auteur Conseiller(e)(s) / personne(s) de contact
Fonctionnement : Sylvie Bollen - Judith Duchêne - Vincent Palate
Voir le catalogue complet

Date de mise en ligne
24 Juin 2024

Type de contenu

Matière(s)

Fonctionnement
Activez les notifications

Soyez notifié de toutes les nouveautés dans la matière Fonctionnement